Auteur: Brice Leibundgut
Station Comté, Morteau, sept 2011, 170 pages
Voici le troisième tome d’une série qui m’a enchanté.
Il y eut Comme que comme et autres tranches de Comté, Comme que comme, le r’virot, et voici Comme que comme, les riblons.
Nous retrouvons ici les acteurs clés des deux livres précédents l’Oncl’Ugène toujours aussi facétieux, et la Lucine Faivre aux propos toujours aussi vifs. Ce sont deux personnages vrais, sympathiques et qui ne s’imposent pas cette autocensure si constante et anesthésiante de nos discours modernes.
Les expressions rapportées par l’auteur sont celles que l’on entend en Comté. Elles sont habilement agencées en véritables petites scènes de théâtre ou séquences de film, une des plus marquantes, pour moi, est celle de la Lucine qui raccompagne ses invités. Combien de fois ai-je vu des amis saluer sans fin mes parents de cette manière, c’est exactement la réalité relatée avec talent.
En lisant cet ouvrage, on se demande à quand un film Bienvenue chez les ch’nis ! ce livre à lui seul pourrait déjà être la base de ce film.
Dans un style léger l’auteur nous offre des pages éclairantes, on apprend ce que sont les joyaux de la couronne, la loupe-à-l’œil, moi, l’amateur de montres, surtout comtoises, je me suis régalé et instruit.
Découvrez ce que signifie beuillot, sangliers et écureuils en Comté.
Un pays se nomme, en Comté les noms de lieux, villages, gens, sont très évocateurs et imagés !
L’auteur nous propose des souvenirs et des traditions, ainsi La cérémonie des étrennes, La quinzaine commerciale, Les conversations à la cuisine, L’arrivée de la télévision, c’est du pur bonheur; nous avons vécu cela, le temps a passé si vite!
Captivantes sont ces Rengaines et fredaines, véritables pages de la vie en Comté, des dialogues d’un théâtre authentique; chaque fois, la saynète bien assemblée se termine par une envolée humoristique,
C’est un plaisir, cela nous change de l’avalanche de mauvaises nouvelles qui nous tombent dessus quotidiennement.
Les anecdotes tiennent en une page et demie, je les lisais au fil des jours, découvrant et retrouvant l’esprit comtois. Prenez votre temps; la Comté, dégustez-la!
Dans le chapitre 6, des poèmes évoquent les sapins, les eaux vives, les lacs, les fleurs, les paysages en des mots qui reflètent tout à fait ce que l’on ressent en Comté quand cingle le vent polaire à la Brévine et se déchaînent les tempêtes en montagnes.
Entrez vous réchauffer l’âme dans les ateliers d’horlogerie, ces maisons où depuis des siècles des experts font chanter les horloges et murmurer les montres. Le poème intitulé Chronomètre recèle à lui seul une forte intensité.
Des vers transmettent l’émotion devant les clochers à impériale en ce pays de missionnaires grands voyageurs.
Au chapitre 7, l’auteur a dû faire le choix pour parler de certains Comtois illustres. La Franche-Comté est parfois trop modeste, pourtant elle a donné à la France et au monde de grandes personnalités. L’auteur évoque Courbet, les neiges de Fernier, et pour finir, rendez-vous à l’école de Landresse, où Louis Pergaud fut instituteur.
La lecture se termine avec le poète Léon Deubel et, en bouquet final, voici Margot la pie.
Comme que comme, les riblons a obtenu le Prix Louis Pergaud, il le méritait amplement. Il est tout à fait dans la lignée du grand écrivain.
L’ouvrage nous ouvre, côté cœur, les portes de la Comté, complétant les deux livres précédents.
Ce triptyque pourrait constituer des éléments constructifs pour un film et pourquoi pas un Dictionnaire amoureux de la Franche-Comté, comme il en existe pour d’autres régions ou d’autres thèmes.
L’auteur exprime avec élégance et talent sa passion pour la Comté, véritable carrefour de cultures et de populations, région diversifiée, de plaines, de plateaux, de montagnes, rivières et lacs, grandes forêts; cette Comté vous la retrouverez dans ce livre chatoyant, instructif et captivant.
Bonne lecture !
Jean-Louis Grosmaire
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