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Les chemins de la liberté, tome 2; L’ultime voyage - Jean M. Fahmy

Auteur: Jean M. Fahmy

Chicoutimi, Les Éditions JCL, 2014, 361 p.


Comme dans le premier tome, l’auteur nous conduit dans des aventures étonnantes et à la rencontre de gens impressionnants.


À Saint-Domingue, nous entrons dans une société coloniale qui vit dans un univers de grandes plantations, où s’épuisent des esclaves pour des gens affairés au commerce. Cette société est montrée dans son luxe pour les uns et sa misère pour les autres.


Jean M Fahmy dresse un portrait saisissant de Toussaint-Louverture pris entre cette société coloniale et un peuple aspirant à la liberté. Le grand homme animé d’idéal et de passion pour ses sœurs et frères nous surprend par ses talents de guérisseur.


Une phrase se détache : «Sous notre peau noire bat un cœur d’homme.», il n’y a rien à ajouter.


La dernière rencontre des héros avec Toussaint-Louverture est touchante et digne.


L’auteur nous mène ensuite à travers les Treize Colonies qui cherchent à s’émanciper.

Poursuivant leur route vers l’Acadie, Fabien et Marie empruntent des chemins parsemés de dangers et de drames. Les amitiés sont rares, mais souvent solides. Les personnages de second plan sont évoqués avec brio, nous nous attachons à eux et nous suivons leur destin avec grand intérêt.


Pierre Guilmot et son amour pour sauver Marie, nous émeut. L’issue n’est pas celle que l’on attendait, c’est un coup de maître.


Voici Fabien sur un brancard. Nous sommes surpris, étonnés, et tout comme Marie, anxieux de savoir ce qui va arriver.


La Fayette, Rochambeau, Cornwallis, les lavandières, les simples soldats, les jeunes nobles français, la ville de Yorktown, la marine française, tout cela compose un vaste tableau, immense, coloré, mouvant et tragique.


Les grands hommes de l’histoire côtoient les simples soldats.


La Fayette, jeune et fougueux, est en relation directe avec la troupe. Il s’entretient avec Washington dans des scènes de grand réalisme. On découvre les nobles français qui aspirent à la gloire. Ils portent leurs beaux uniformes, alors que La Fayette se montre près du peuple.


Suivent des paragraphes saisissants sur les revers de la victoire, ce que souvent les livres d’histoire estompent.


Jean M. Fahmy a l’excellente idée de décrire le siège de la ville de Yorktown vu du côté des lavandières et des postes de premiers secours. L’auteur nous dévoile fort bien la dure réalité de cette bataille titanesque.


Dans leur migration vers le Nord, les héros traversent des forêts obscures. L’auteur rend très bien l’effroi de Fabien et Marie devant les horreurs qui parsèment leur route.


Les scènes de levers de chevelure (de scalp), les captifs que l’on prend, que l’on revend, la scène du bûcher, de l’adoption, tout cela est relaté avec une précision d’historien et un grand talent d’écrivain.


Par son style alerte, vif, par ses rappels historiques, Jean M. Fahmy nous plonge dans l’Histoire et dans la vie quotidienne des gens humbles ou fortunés de cette époque tant en France qu’en terre d’Amérique.


Comment Fabien et Marie vont-ils surmonter les épreuves? Leur amour survivra-t-il à tous ces tourments, aux tentations, au désarroi?


L’attaque du village iroquois sème l’horreur qui culmine avec les yeux de Chilali qui fixent Fabien. C’est une image très forte, d’une grande intensité. Ce regard nous marque, nous étreint.


Tout le parcours douloureux vers Villechauve au Canada nous tient en haleine. L’aide inattendue de deux Noirs réfugiés dans la forêt, dans des zones boisées entre les frontières, nous étonne et nous réjouit. Ces deux hôtes qui survivent dans la peur et la misère ont une vie qui est en elle-même un roman d’une profonde gravité.


À Montréal, la rencontre avec Fleury Mesplet nous rappelle le travail de Fabien auprès de Beaumarchais. Montréal s’active dans ses quartiers, ses rues et ruelles, sa population besogneuse qui vit sous les ordres des Anglais.


Dans un style élégant, avec des mots précis, des rythmes et des séquences qui s’enchaînent fort bien, nous comprenons ce monde rude, où l’auteur révèle les différentes oppressions subies par les femmes, les Noirs, les Autochtones, les pauvres. Dans ces sociétés, des êtres bafoués, esclaves, privés de droits élémentaires luttent pour la liberté, comme les deux héros de cette fresque, des héros sur les Chemins de la Liberté!


C’est une très belle fin qui nous est offerte. Un nouveau départ se dessine pour les héros, qui ont vécu dans un monde sans repos, sans grande joie, et qui atteignent l’Acadie tant rêvée. Cette Acadie a elle aussi beaucoup changé, tout comme Fabien et Marie.


Dans ces deux livres, du début à la fin, le but du grand voyage est l’Acadie des grands-parents et des parents. Ces deux volumes sont d’une très grande richesse historique, d’une remarquable qualité d’écriture, ils portent à la réflexion. Ils nous permettent de mieux mesurer le cours du temps, et surtout de ne pas oublier ce parcours extrêmement difficile des gens privés de droits.

 

Voici un Roman avec un R majuscule, une œuvre épique où un flot puissant d’émotions emporte le lecteur.



Jean-Louis Grosmaire

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