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Cher Grand-Père

Cher grand-père,


Aujourd’hui, il neige sur la ville de Québec.

Demain, le Canada fêtera l’armistice de 1918.

Après avoir effectué ton service militaire pendant des années, tu as été rappelé le 1er août 1914, alors que ton fils naissait le lendemain.

Tu n’as pas pu voir le bébé, tu ne l’as pas vu grandir, ni lui ni sa sœur aînée Germaine.

Toi, ils t’ont envoyé au front du Nord et du Nord-Est.

Tu as été blessé le 11 octobre 1914 évacué et dirigé vers l’hôpital d’Évreux le 14 octobre, sur ta fiche militaire est indiquée E O.

J’ai compris que ça voulait dire éclat d’obus. On mentionne que tu étais blessé à l’épaule et à la jambe gauche, blessure de genou.

Dans tes lettres, tu disais à ton épouse que tout allait bien, penses-tu ? Tu lui confiais que tu écrivais alors que tu étais allongé sur le ventre, ce n’est pas une bonne position pour écrire n’est-ce pas ?

Après des mois de convalescence dans différents hôpitaux, on t’a renvoyé sur le front et c’est là que tu as disparu. C’était le 8 mars 1916 au sud-est du fort de Douaumont. Plus tard, on a pu identifier ton corps, comment ont-ils fait ? Avais-tu une plaque d’identité ?

Tu as été inhumé le 24 février 1917 au Poste de commandement de la brigade point 3603.

Enterrés, comme des millions d’autres.

Ton épouse Hélène a appris ta disparition, puis ton décès.

Tu devenais un héros, elle devenait veuve, et tes enfants orphelins.

Hélène a poursuivi le chemin, et puis ton fils et la famille ont ensuite subi la Deuxième Guerre mondiale.

Aujourd’hui, moi, ton petit-fils, beaucoup plus âgé que toi, je t’écris pour te dire que je t’aime.

Sache que mes sœurs et mon frère auraient, eux aussi, vraiment voulu te connaître.

J’aurais aimé que tu nous promènes à travers les forêts et les champs de ton village de Haute-Saône.

J’aurais aimé que tu me racontes des histoires, j’aurais aimé que tu nous guides sur les chemins de la vie.

Mais que te demander de plus que le sacrifice suprême que tu as fait : nous donner ta vie.

Un jour, nous nous retrouverons et là je pourrais te dire : grand-papa je t’aime.



Jean-Louis Grosmaire

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